On sort d'un week-end avec changement d'heure, je ne sais pas si c'est ça ou alors l'échéance qui approche, mais les nuits ne sont pas terribles.
Cette séance est tranquille, on part à 4 avec les fidèles Jeff "Tuche" dixit Geoffrey, justement Geo notre troubadour et Armand avec qui j'aurai fait une grosse partie du plan. C'est vraiment détendu, on discute des derniers préparatifs, de nos doutes, nos attentes, elle fait vraiment du bien cette petite sortie et elle marque la fin de tout un travail.
Cette semaine aura été courte tellement j'avais de choses en tête et de choses à préparer, mais longue à la fois tant j'attendais le week qui marquait pour moi le début des congés, mais surtout le grand départ pour la capitale.
Mon sac spécial affaires de courses est déjà prêt du mercredi, et tous les soirs je vérifie ma petite liste, être sûr de n'avoir rien oublié...
Vendredi soir dernier préparatifs, le départ c'est Samedi matin, je matte un peu Koh Lanta puis décide d'aller me coucher (à l'heure qu'il est je ne sais toujours pas qui est sorti).
Samedi matin le réveil n'a pas eu le temps de sonner, il est 6h et je suis déjà bien éveillé. Préparation des gâteaux sport isostar, de la bouteille de malto, ça fait 2 jours que j'en bois et je sens que le ventre commence à saturer, je sous dose encore.
Et me voilà sauté dans la tenue de sport et je pars pour une petite sortie matinale, il est 6h30. Je cours tranquille, puis je me sens bien et accélère un peu, je cours 25 min et ça me fait un bien fou, à la fraîche, dans le calme avec le sourire aux lèvres, le marathon c'est demain.
Je croise Armand qui s'en va chercher Thomas pour le grand départ.
Retour à la maison, petite douche,chargement des affaires, qq barres de céréales et le malto pour la route et nous voilà partis.
On avale la route tranquille, j'ai toujours ces petits barbouillements au ventre.
On arrive assez facilement au salon du running au parc des expositions, mais grosse galère pour stationner, ça me fait monter un peu en pression.
On trouve enfin à garer et là on arrive, grosse file d'attente à 11h, et cette p... d'envie de pisser,vive le malto.
Salon du running, EXCEPTIONNEL! Une organisation comme j'en ai jamais vu, ils ont vraiment géré. Aucune attente. J'enchaîne dépôt du certificat médical, carte d'identité, retrait dossard, retrait sac à dos... en moins de 10 minutes. Un grand respect pour cette organisation au top qui nous suivra jusqu'au bout de l'aventure.
Maintenant place au salon, je vous épargne les détails, mais c'est un régal. Petit à petit on se retrouve tous et partageons ensemble,avec le club h2r, un petit pique nique et une séance photo aux couleurs du club.
Les jambes commencent à piquer, avec ma chérie on décide de rejoindre l'hôtel pour se poser un peu, il est déjà 16h. Au soir nous faisons le chemin en métro jusqu'aux champs élysées pour repérer avant, et mangeons dans une petite brasserie.
Petit regret de ne pas pouvoir être avec le reste du groupe à la pasta party, c'est ça de ne pas manger de pâtes...😢
Prépa de la tenue et de l'équipement, détente devant le classico, merde le Barça s'incline...et enfin dodo.
JOUR "J"
Encore une fois le réveil n'a pas le temps de sonner, je suis au taquet, et à ma grande surprise je suis super zen et détendu, ce qui est rare pour moi qui suis assez speed. "Pensées positives" dixit Mr Mazingue mon fidèle ostéopathe, ça ne me lâchera pas jusqu'à la ligne d'arrivée ou presque.
Le programme, 6h 1er gâtosport, une goutte d'eau, une petite douche, 2ème gâtosport avec de l'eau, il est 6h30. Préparation du corps, avec massage avec le baume du tigre, massage des pied et des épaules à la Nok, préparation du sac avec les flasques et la poche à eau puis des gels et barres. Il est 7h je m'habille et ça y est on peut partir vers les Champs.
Dans le hall on croise Christelle, Geo, Fabien et Thierry. Derniers encouragements et c'est parti. Je remange un bout de gâtosport.
Nous voilà sur les champs élysées, 2 jours que j'ai du mal à aller aux selles, prise de 2 smecta, indispensable avant une course.
On avance avec Mag jusqu'au sas 3h30, on prend qq photos, je savoure l'instant, c'est grandiose.
J'entre dans le sas et commence à m'échauffer un peu. Le monde commence à arriver, le temps est au rdv, un peu à la fois je me dévêtis et puis je m'assois un peu pour faire le vide dans la tête, que des pensées positives, je me projette passant la ligne, c'est dingue ce que je peux être zen. Jusqu'au départ ma Fc ne dépassera pas les 80.
Quel bonheur d'avoir ma chérie derrière le grillage, ça aide de ne pas se sentir seul, j'envie les amis d'être à plusieurs dans leurs sas respectifs, il m'a manqué de pouvoir partager tous ses moments avec quelqu'un d'autre, mais l'appel du chrono m'a fait changer pour ce sas.
Ça y est le départ est donné, un pur bonheur...
Faire attention à ne pas s'emballer, la 1ère partie du tracé est apparemment plus roulante, il ne faut pas se griller. Je décide quand MM au lieu de mes 5 min au kilo de tourner autour des 4.50, je pense que c'est indispensable pour moi passer sous les 3h30.
Je pense aux conseils des gens du club, de prendre du plaisir, et j'en prends énormément, tous ces gens sur le bord qui crient, chantent, t'encouragent. Tous ces groupes qui jouent sur le bord de la route, toutes ces cultures qu'on découvre en passant d'un quartier à l'autre, toutes ces odeurs, 2/3 fois ils m'ont fait saliver avec leurs odeurs de poulet rôti. Je savoure réellement, je suis bien, mais qu'est ce qu'il commence à faire chaud, toutes les 2 min je m'essuie le front. Je fais les choses bien, je m'hydrate régulièrement grâce à ma poche d'eau, j'ai pris un gel 5 min avant le départ, une barre isostar au 10 ème. Je suis content d'avoir tout prévu, quelle folie aux ravitos! J'ai appris une chose, quand les ravitos arrivent, si c'est à gauche, je vire à droite. Les gens sont dingues à se jeter comme ça sur la 1ère table.
Toujours est-il que jusqu'au 15ème tout va bien, je maintiens mon allure sur du 4.50 environ et je savoure. Au 15ème 1er engorgement, et tout se passe pas trop mal, je surveille beaucoup ma Fc et mes allures à chaque km, par contre j'essaie de ne pas penser trop aux distances.
Ma Fc est autour de 140 jusqu'au 10ème puis monte doucement jusque 150 au semi. Pour l'instant tout va bien, je passe le semi en 1h43, c'est mon 1er point de référence, j'ai gagné plus de 2 minutes sur mon objectif... ça me fait du bien, mais j'ai en tête que le second semi est plus dur, donc si je veux atteindre l'objectif, il faut à tout prix garder ce rythme.
J'ai repris un gel au 20ème, je sens que je dois surtout rester positif dans la tête, car même si jusque là ça s'est bien passé, je me rends compte que la route est encore longue, et la chaleur se fait ressentir.
C'est dur de garder l'allure, slalomer entre les coureurs, j'ai aussi dû souvent emprunter les trottoirs, et petit coup de gueule contre ces gens qui traversent devant toi ou qui se mettent devant toi pour faire des photos sans même se rendre compte de l'effort que ça te coûte de les éviter.
Toujours est-il que j'avais prévu au 20ème de marcher un peu pour prendre mon gel et ainsi faire retomber ma Fc. Mais pris dans l'élan et par le chrono qui est bon, je zappe. Avec du recul je me demande si c'était une bonne idée.
Les km commencent à être longs, je ne savoure plus autant, mais les jambes sont bien, le moral aussi.
Puis arrivent les tunnels, et avec eux la 2eme partie de la course. Le 1er est super long, changement de température, le brouhaha des ventilateurs, le manque des gens autour, la perte du signal GPS et donc des repères, et puis sa remontée et soudain ce coup de chaleur et le retour du public.
On en enchaîne plusieurs comme ça, cette partie du parcours ne m'aura pas laissé que des bons souvenirs, on ne sait plus trop où on en est dans les allures, les km semblent longs, puis arrive le 29ème où j'aperçois la tour eiffel, je retrouve le sourire. Puis j'aperçois mon pote Freddy qui est venu m'encourager, ça fait un bien fou, j'arrive au km 30 en 2h27, soit 3 minutes d'avance sur l'objectif. Là je vois matérialisé le mur, je regarde mon chrono, allure 5.04, je ne dois pas le laisser me faire un sale coup, une pâte d'amande, et on remet les gazs, pas question de me laisser endormir! Je ne dois pas baisser de régime maintenant ou j'ai peur que mon corps ne comprenne pas, je me remet donc sur mon rythme de croisière, je me rends compte que le corps imprime vite, car je suis régulier.
Je sais que ma chérie m'attends au 36 ème, ça me force à rester bien, mais c'est vrai que ça devient plus dur, je me donne des points intermédiaires: 32ème, 34ème, tout en courant à droite pour ne pas la louper, puis Freddy est à nouveau là, il court avec moi qq mètres et ça fait du bien, j'essaie de ne pas montrer que c'est dur pour moi. Il me dit que Mag est au dessus, je cours donc en scrutant la foule, je ne veux pas la louper. J'arrive donc au 36ème et la vois, elle ne me voit pas tout de suite, mais je ne trouve même pas la force de crier, j'attends d'être à sa hauteur pour lui crier que je l'aime, et ça fait un bien immense de voir des têtes familières. Merci à eux, j'essaie de voir un couple d'amis qui devait être dans le coin, mais je ne le vois pas.
Allez! Il reste 6 km, des broutilles me dis-je, c'est quoi 6 km quand on court 4 fois par semaines...c'est juste énorme, interminable, une éternité, de la souffrance, finies les pensées positives, ou alors elles s'estompent rapidement.
J'essaie de penser à la ligne d'arrivée, je souffre, néanmoins le mental me guide, c'est lui qui me porte, mes jambes ont imprégné le rythme, j'ai beau être dans le dur, elles continuent à foncer, ça fait des km que je ne fais que doubler les autres, et encore et encore, et pourtant j'ai chaud, j'ai des douleurs au ventre qui m'empêchent de m'alimenter depuis le 30ème, il aurait pourtant fait du bien ce gel coup de fouet. Je sens que mon corps se décompose, mais mes jambes elles me portent toujours, mais
jusque quand?
Et là je fais km par km, en me disant toujours plus que 5,4,3,2...Tout en me disant que c'est rien et pourtant ça me paraît toujours tellement plus long...
Je me suis toujours demandé comment des gens pouvaient abandonner ou s'arrêter si prêt du but, après tous ces efforts, après en avoir tant "chié". Maintenant je le sais.
Les km 37,38,39 sont interminables, malgré l'allure qui reste maintenue, c'est le corps qui gère, l'esprit s'échappe peu à peu, lui est en train de me lâcher.
Merci aux spectateurs qui nous poussent, je cours en scrutant la foule, le regard vide, avec l'espoir de croiser un regard connu, le rythme est toujours là au 40 ème, ce qui me fait tenir c'est de me dire que mes jambes ne m'abandonnent pas et qu'elles vont me porter jusqu'à ce chrono tant espéré. Et c'est juste ça qui me fait tenir, dans ma tête je me dis mais comment pourrais je en refaire un après ça, pourquoi je ne me suis pas arrêté marcher un peu au 20ème, et pourquoi et pourquoi...
Malgré tout ça, je fais encore le 41eme en 4.52, comme quoi c'est le corps qui marche mécaniquement. Je ne sais pourtant pas si près du but si je ne vais pas m'effondrer avant la fin, tous ses gens sur le bord c'est magique et pourtant ça me paraît si irréel, je suis dans une espèce d'inconscience qui me porte, en arrivant au rond point porte dauphine je vois la ligne et pourtant ça me semble encore si loin, Freddy et ma chérie m'ont interpellé et pris une photo, je leur ai fait tant bien que mal un signe de la main et pourtant je ne me rappelle même pas de ce moment, le dernier km à été le plus dur, je suis descendu à 5.15 et à presque 170 de Fc, j'étais dans une sorte de trance, d'état second avec juste une envie:enfin franchir cette foutue ligne, encore maintenant je ne sais quels mots utiliser pour décrire cet état dans lequel j'étais! Cette sensation particulière que vous ne contrôlez plus rien, et qu'à un moment donné tout peut s'arrêter car vous n'avez plus la maîtrise de rien. Un moment à la fois étrange, mais tellement fort puisque on sait qu'on a poussé les limites de ses capacités et bien plus encore. Cette impression d'être allé au bout de soi-même, seul contre tout, encore une fois je cherche les mots mais ne les trouve pas, il faut le vivre...
Puis ce moment d'exception ou tout s'arrête, le passage de la ligne les bras levés, dans un état second, même les larmes que je m'attendais à avoir ne viennent pas, elles me montent par contre en ce moment en me remémorant cette arrivée. Je pense que je n'aurais pas pu faire un km de plus, et regrette de n'avoir pas pu savourer autant cette dernière ligne droite tant j'étais dans le dur. Mais je suis finisher...
J'ai passé un temps fou sous la la lance des pompiers, pour essayer de retrouver mes esprits, retrouver un état "normal", ça m'a remis en place et j'ai repris un peu à la fois la lucidité. J'ai pris mon t-shirt, ma médaille tout en remerciant tous les bénévoles qui ont fait un boulot extra, j'ai bu, manger des fruits et suis allé retrouvé Freddy et ma chérie.
Quelle aventure, quels moments de joie, que d'émotions parcourues, je ressens ces frissons qui m'ont parcourus la nuque à plusieurs reprises durant ce marathon, tant on vit des choses fortes durant la course, ces moments de solitude, ces moments où l'on se retrouve seul face à nous même, nous et notre mental, car c'est de ça qu'il est question: la force mentale, être un guerrier dans sa tête, ne pas se laisser envahir par la petite voix qui te dit d'arrêter et au contraire savoir pousser encore plus, comme pour dire tu ne m'auras pas.
J'ai vécu une expérience extraordinaire, très dure et très belle à la fois. Je la recommande à tous, tout est dans la tête, à condition d'avoir bien préparé son corps avant, on ne s'improvise pas marathonien, c'est du travail, des sacrifices, du temps et de la volonté. Mais ça doit rester aussi un plaisir.
L'après est très fort aussi, avec les courbatures, il m'était même compliqué de monter une bordure, j'avais du mal à parler encore 1h après, j'avais les mots qui sortaient difficilement et avaient du mal à former des phrases, ça me fait rire maintenant, mais sur le coup c'est étrange. Je suis vraiment allé au bout de moi même, et j'en suis fier.
Au fait j'oublie le plus important: le chrono 3h27 et une 4350eme place sur près de 42000...
J'ai souffert pour parcourir à pied la route vers l'hôtel, encore plusieurs km de plus dans les jambes, et j'ai réellement pris conscience de ma perf en repassant au km 30 et en voyant la souffrance que subissaient les coureurs encore en piste, j'ai été marqué par le nombre de personnes qui marchaient, limite autant de marcheurs que de coureurs. La chaleur et les tunnels auront pris le dessus sur beaucoup d'entre nous. Je suis rentré, j'ai pris un bon bain et mis de la crème, et après coup je me dis que cette marche m'a fait du bien pour la récup. Même si je marchais comme un robot lol.
L'heure est venue de partager ces moments là autour d'une bière au bar de l'hôtel avec une partie des amis de route.
On partage nos divers ressentis, et on est content de voir que malgré nos fortunes divers, on a tous assuré, tous les membres de l'h2r sont finishers du 40 ÈME MARATHON DE PARIS, et cela malgré un soleil étouffant. Félicitations à tous et un grand merci à tous pour votre soutien, vos encouragements, vos accompagnements et autres.
J'ai pris plaisir à lire vos mails, SMS, mots facebook et autres au sortir de la course et de voir qu'autant de personnes ont suivi de près ou de loin ma belle aventure.
Je suis finisher et fier de cette grande expérience que je recommande à tout le monde.
Un grand merci au club H2R, et à sa team Paris, à Clothilde et Philippe pour leur plan, à ma chérie, ma famille et belle famille, aux amis et notamment Freddy d'avoir fait le déplacement, encore une fois à Mr Mazingue mon ostéopathe, et surtout un grand merci aux organisateurs et bénévoles pour ce travail formidable, ainsi qu'à tous ces inconnus massés sur les bords de la route pour te soutenir et mettre une ambiance et une atmosphère formidable, et à tous ceux qui ont participé de près ou de loin à cette aventure...
Maintenant place au pot vendredi au club, et nous serons de la partie pour aller encourager les amis au marathon du Louvre, je connais maintenant l'importance d'avoir du soutien sur le bord de la route...